Ayant mis ma cheville au repos chez Bijane, je suis maintenant prêt à reprendre la route de la Mongolie. C’est fou, dès que je m’arrête plus d’une nuit quelque part, je suis impatient à l’idée de reprendre la route. C’est à chaque fois un plaisir de repartir vers l’inconnu, ce sentiment est d’autant plus fort au Kazakhstan où il n’y a pas grand-chose à faire et rien à voir en particulier. Mais le plaisir est ailleurs : visiter des endroits où le dernier touriste date d’il y a deux ans, traverser de grandes étendues désertiques, avoir l’impression d’être seul au milieu de nulle part. C’est aussi le pays où l’on prend conscience que la Mongolie se mérite. La route jusqu’aux terres nomades est longue mais je commence à en entrevoir la fin.
Avant de rejoindre Astana, je décide de faire un crochet par la mer d’Aral dont l’assèchement est l’une des plus grosse catastrophe écologique du 20ème siècle. Sur la route j’alterne entre camping sauvage et chambre chez l’habitant. En effet, il y a deux problèmes au Kazakhstan. D’une part le pays est immense et je roule parfois plus de 100 km sur des routes et des pistes avant de trouver un village et d’autre part rien n’est prévu pour les touristes en dehors des grandes villes (hôtel, restaurant, …). Il faut donc faire avec les moyens du bord. Quoi qu’il en soit je mettrai deux jours avant d’arriver à Aral. Cependant, je n’aime pas du tout l’ambiance qui règne dans cette ville, je ne m’y sens pas en sécurité et préfère dormir ailleurs. La piste que je prends alors traverse une zone anciennement recouverte par les eaux. C’est incroyable de se dire qu’avant, tout était submergé. Je continue la piste sur 60km et elle semble me mener directement en enfer. Vraiment, ce paysage me fait froid dans le dos. Je dormirai d’ailleurs chez des locaux qui m’expliqueront qu’il y a 30 ans, la mer était à 100m du village et qu’aujourd’hui, il n’y a plus rien.
J’aurai bien aimé voir une épave de bateau mais je n’ai pas trop de temps à perdre si je veux être début octobre en Mongolie. Je suis donc bien content de reprendre la route mais pas déçu de cette virée en mer d’Aral. Je me donne alors 4 jours pour parcourir les 1500 kilomètres qui me séparent d’Astana. Il ne faut donc pas trainer car ici il n’y a pas d’autoroute. En plus, il y a beaucoup de contrôle de police et, à chaque fois, il faut se méfier de la vitesse car ils ont toujours un radar. La limitation passe à 40, puis 30 et subitement 20. Je ralentis donc progressivement. Au moment de passer la guérite, l’un des policiers me dit fait signe de m’arrêter. Vu que c’est un contrôle officiel je lui donne mon passeport et ma carte grise. Il me dit alors de le suivre dans sa guérite. Nous ne nous comprenons pas du tout. Vu qu’il a posé mes papiers sur son bureau, je les reprends aussitôt. Je suis déjà plus confiant. Il sort alors son portable puis utilise le traducteur sur lequel il inscrit « break the law ». Je ne comprends pas, il me montre alors le radar. Il me laisse alors partir après quelques négociations.
Mais heureusement je fais d’autres rencontres bien plus agréables comme ce groupe de polonais qui rentre du Pamyr après 3 mois de voyage. Ils ont eu pas mal de petits problèmes mécaniques et de soucis avec le carburant au Kazakhstan. Mais ils ont passé le plus dur. Il faut dire qu’ici, on ne trouve quasiment que du Sans Plomb 92 et apparemment la qualité laisse à désirer. De mon côté pas de soucis, au démarrage ou en roulant, elle tourne comme une horloge ma Versys !
Pendant les trois jours qui suivent le paysage ne change pas. J’ai l’impression de ne pas avancer. Pourtant, je passe chaque jour près de 8h en selle sur les routes et les pistes Kazakh. Ensuite, il faut quand même avoir une sacrée autonomie car il y a une pompe qu’environ tous les 500 kilomètres. Grace à ma préparation, avec 30 litres je fais entre 600 et 700 kilomètres. La tente et le réchaud ne sont pas non plus superflus dans ces régions où le prochain village est parfois à plus de 100 kilomètres. Et puis il faut dire qu’il commence à geler la nuit. J’ai eu pour la première fois du givre sur ma toile de tente. Et pour se réchauffer après des nuits si froides, il n’y a pas mieux qu’une bonne soupe le matin.
Finalement dimanche, comme prévu, j’arriverai à Astana. La ville surgit alors comme par magie au milieu des steppes. Je découvre une nouvelle facette du Kazakhstan, avec l’eau courante et la démesure. Le changement est incroyable. C’est un vrai choc. Je compte rester ici quelques jours afin de pouvoir faire mon visa de transit russe. Je touche maintenant du doigt la Mongolie qui n’est plus qu’à 1500 kilomètres.
Vous pourrez retrouver Maxime BARAT en direct sur la radio « Le Mouv » (92.1 FM à Paris) le Mercredi 28 septembre de 20h30 à 22h dans l’émission « Allo la planète » présentée par Eric Lange. Vous pourrez aussi retrouver cette émission en replay sur le site Internet de la radio.
Enfin, pour voyager avec Maxime pendant 2 minutes et 30 secondes, rendez-vous sur
ce lien vidéo.Rendez-vous la semaine prochaine pour savoir s’il a pu traverser la Russie et fouler de ses roues les pistes Mongoles.