J’avais, avec l’équipe européenne basée en Allemagne, travaillé au développement de cette Z 1000 depuis les premiers prototypes testés au Japon jusqu’à la mise au point finale effectuée en Europe.
Pour valider mon travail, je me suis engagé en 2003, dans la Super Roadster Cup naissante au guidon de la Z1000. La première course avait lieu en ouverture des 24 Heures du Mans. Hormis une selle et un carénage tête de fourche en polyester, un 4 en 1 Micron et des platines repose-pied maison qui relevaient ces derniers pour améliorer la garde au sol, la moto était complètement d’origine, suspensions et démultiplication comprises.
Lors des essais chronométrés, j’ai réalisé la pôle-position avec un temps qui m’aurait placé aux alentours de la 40ème position au milieu des motos Superbike des 24 Heures. Cette année j’ai remporté le championnat Super Roadster Cup avec une moto restée très proche de l’origine car c’était le challenge que je m’étais fixé. Pour vous situer la chose, sachez par exemple que l’amortisseur intégralement d’origine m’a fait toute la saison.
Tout ça pour vous dire que cette Kawasaki Z1000 était une super moto.
D’ailleurs, Zef Enault le note dans son chapeau d’ouverture par : « Kawa doit beaucoup à la Z1000. Arrivée fin 2002, elle a remis les verts en selle sur le marché européen. » La bonne nouvelle, c’est qu’après une évolution qui n’a pas convaincu – Zef le souligne par : « Il y a bien eu une version intermédiaire entre 2007 et 2009, une évolution de la première, mais techniquement il n’y avait pas grand-chose de modifié. Et le peu qui l’a été, eh bien, n’aurait pas dû l’être … » - la bonne nouvelle donc, c’est que la Z1000 2010 est mieux que son ancêtre.
Zef Enault situe la différence : « Puissance en haut, gros coffre à mi-régime, la mécanique revue illustre les progrès accomplis en dix ans ». Ou bien encore : « Au banc, en 100 ch, elle sort 1 mkg de plus que son ainée. Un écart pas si énorme sur le papier, mais franchement sensible au guidon ».
Parlant de la partie-cycle : « Là, il y a un esprit Z que le modèle 2007/2009 a trahi. Mais la première et la dernière se retrouvent autour de qualités propres. Un train avant précis, facile à placer, léger mais pas instable, un instrument de découpe ultra-efficace qu’un chirurgien nommerait bistouri ».
Après avoir noté que les vibrations présentes sur la 2003 ont totalement disparues sur la 2010, il retrouve l’esprit de la première Z1000 dans ce dernier modèle : « Mais l’esprit Z se niche là, dans cette facilité de prise en main, ce coté intuitif, dû à un train avant aux dimensions généreuses. Une moto rassurante mais agile, pas forcément légère mais équilibrée ».
La Kawasaki Z1000 2010 fait oublier le modèle 2007/2009 et se pose comme l’évolution réussie de la première. Les japonais ont bien travaillé.
Bertrand Sebileau