Avant toute chose, rappelons rapidement ce qu’est Pikes Peak. Nous pourrions dire que c’est tout simplement une course dans les montagnes, mais ce serait prendre la chose à la légère… C’est surtout une terrifiante ascension à pleine vitesse dans les nuages, capable de faire pâlir Neil Armstrong et Buzz Aldrin réunis. Les pilotes s’élancent sur la ligne de départ à 2 865 mètres d’altitude pour ensuite avaler le plus rapidement 20 kilomètres de route sinueuse (156 virages tout de même !) et franchir la ligne d’arrivée 1 440 mètres plus haut. Le drapeau à damiers culmine en effet à 4 305m d’altitude.
On le sait depuis Napoléon, les corses ont l’esprit de conquête dans les gênes… Et Bruno Langlois n’en démord pas, c’est un fervent participant de cette course où il n’hésite pas à aller planter le célèbre drapeau à tête de maure au sommet du pic tout en étant en territoire hostile. En effet, la première fois qu’il a fait Pikes Peak c’était en 2012 et depuis 2015 il grimpe les 20 kilomètres de route aux guidons de différents modèles de Kawasaki. Les faits d’armes de Bruno sur cette course sont nombreux. En 2015, au guidon d’une Ninja ZX-10R il réalise le 3ème meilleur chrono en 10’19’’738 et monte donc sur la 3ème marche du podium. En 2016, il est à nouveau sur la ligne de départ mais cette fois-ci avec une Kawasaki Z1000 et surpasse ses adversaires pour aller chercher la 1ère place (pour la seconde fois dans sa carrière) en réalisant un chrono de 10’13’’106. La réputation de Bruno est maintenant faite, et au vu de son aisance pour rouler aussi vite dans les nuages, certains se demandent s’il n’est pas secrètement pilote de chasse… Cette année il était de retour pour l’édition 2017 au guidon de sa Kawasaki Z900 survitaminée. Il réalise son meilleur chrono personnel, toutes participations confondues à Pikes Peak, en 10’12’’317 et termine à une magnifique 3ème place.
Nous avons contacté Bruno pour connaître son analyse sur sa très belle performance et sur son amélioration de chrono par rapport à l’année 2016.
Il déclare « J’ai fait les meilleurs temps depuis ma première participation à Pikes Peak, je suis content car j’ai très bien roulé. Mais vous savez Pikes Peak, tous les ans c’est une nouvelle course… Les concurrents viennent avec de nouvelles machines, et les constructeurs viennent avec « la grosse armada ». Cette année, la course était ouverte aux moteurs jusque 1 305cm 3. Je n’étais pas armée comme eux, moi je viens tout seul et j’ai un ami qui vient m’aider pour les essais, ils sont venus à « l’américaine » mais cela dit quand on analyse bien, sur les parties rapides je roulais dans les mêmes chronos. En termes de puissance pure nous faisions jeu égale, à contrario de l’âge où … j’avais le double ! […] Ils ont réussi à creuser l’écart dans les épingles (les portions lentes) car j’avais beaucoup de relance à faire à mi-régime. »
Bruno nous a ensuite expliqué pourquoi d’année en année, cette course ne se ressemble pas.
« Tous les ans c’est une nouvelle course car c’est la haute montagne. Tous les ans, les conditions sont différentes, par exemple s’il pleut sur la ligne de départ, en haut on aura de la neige, de la glace. Ce ne sont pas des conditions que l’on connait, ce sont des conditions extrêmes ! Cette année, pendant les premiers essais (11 juin), il fallait que je roule penché en ligne droite à cause du vent violent qu’il y avait, des bourrasques à plus de 100 KM/H. »
Nous avons ensuite demandé à Bruno son avis sur le comportement de sa Z900 lors de cette course.
« J’aime beaucoup cette moto, c’est une très bonne machine. Elle est aussi bien que la Z1000, j’avais de très bons freins, la moto rentrait très bien dans les virages. Les pneus sont moins larges, ce qui permettait à la moto d’être plus agile dans les enchainements rapides. L’anti-dribble (d’origine sur la Z900) était très pratique surtout pour contrôler la moto dans les freinages. L’anti-dribble a été décisif dans l’amélioration de mon chrono. La Z900 est une moto très bien née. »
Après la 3ème participation de Bruno sous les couleurs du constructeur d’Akashi, il nous précise son ressentiment sur les Kawasaki à Pikes Peak.
« Kawasaki propose des motos à des prix nécessitant un investissement moins important que d’autres constructeurs. Ainsi, sous réserves de quelques préparations moteurs et autres modifications j’ai pu développer cette Z900 et le rendre aussi compétitif que certaines motos nativement taillées pour la course. C’est ainsi que Kawasaki s’est déjà imposé 2 fois à Pikes Peak (une fois avec Jérémy Toye et comme vous le savez l’année dernière, c’était avec moi). En parlant de puissance moteur, la Z900 fait d’origine 125 cv. Après quelques modifications, ma Z900 survitaminée me proposait 205cv à Ajaccio. Mais il faut savoir qu’au départ de Pikes Peak (sur la grille de départ) avec l’altitude et le manque d’oxygène, je partais déjà avec 30% de puissance en moins (la moto faisait maintenant aux alentours de 150cv) et dans la partie haute de la course elle ne faisait plus qu’entre 105/110 cv. C’est comme si tu partais avec un 3 cylindres au départ et qu’à l’arrivée tu n’avais plus qu’un seul cylindre, tu vois la différence de puissance… »
Nous avons terminé notre interview en demandant s’il serait à nouveau au départ de Pikes Peak en 2018.
« Tant que je pourrais faire Pikes Peak, je la ferais car il n’y a rien de semblable au monde. Je suis très fier d’avoir intégré la famille Kawasaki, j’espère pouvoir renouveler l’aventure l’année prochaine avec l’une des nouveautés 2018.»