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24 Janvier 2013 A la découverte de l'Amérique Latine (sem. 5)

Cela fait maintenant 5 semaines que Maxime est parti sur les pistes de l'Amérique Latine. Après avoir beaucoup peiné la semaine dernière, cette semaine s'est montrée plus douce mais tout aussi riche de surprises et d'émotions
Maxime Barat: « Après avoir quitté mes compères José et Eduardo, avec qui j’ai parcouru l’inoubliable BR319, je suis allé à Porto Velho. Cette route a quand même laissé quelques marques sur mes valises qui ne sont plus du tout neuves et même fragilisé quelques soudures sur le support. Vais vu que j’ai choisi de les faire en acier, il n’y a pas de soucis car elles peuvent être réparées n’importe où. Là où j’ai halluciné, c’est lorsque j’ai démonté mes plaquettes avant. La boue et le sable les ont complètement usé en seulement 500 kilomètres. C’est dingue ! Je ne pensais pas que c’était possible. Le souci, c’est que je n’ai pas pris de plaquettes de rechange. Lors de mon dernier voyage en Mongolie, les plaquettes ont fait 25000km sans problème. C’est pourquoi, dans un souci de gain de poids, je ne les ai pas emmenées. Je suis en train de me dire que j’aurais mieux fait d’en prendre un jeu de rechange. J’espère trouver une solution à Porto Velho.

Afin de gagner du poids, j’ai aussi laissé mes pneus de rechange à Manaus. Sur la route ça va mais sur la piste c’était trop lourd et trop compliqué de tout enlever et tout remettre après chaque chute. En revanche l’astuce, c’est que le gros pneu de rechange destiné à être monté à l’arrière en 150/90/17, je l’ai fait monté à l’avant où à la base j’avais mis un 120/90/17. L’intérêt c’est de rouler avec le même pneu à l’avant et à l’arrière et de moins se casser la tête lorsqu’il faut trouver un pneu de rechange. En gros tant que je trouve du 17 pouces ça se monte !

A Porto Velho, j’ai rencontré Papa Lleguas, le président du moto club du coin. Forcément de fil en aiguille, nous discutons et je lui raconte mes péripéties : la fameuse BR319 et mes soucis de freins. Nous part alors en virée voir tous les concessionnaires moto de Porto Velho. Mais personne n’a de si grosses plaquettes de frein. Nous allons voir une première concession mais ils n’en ont pas. Nous en trouverons dans la deuxième que nous visiterons. Le vendeur m’annonce le prix et là, je ne peux m’empêcher d’éclate de rire. 900 reals. Soit environ 450 euros pour les deux jeux de plaquettes. Le Brésil est très cher, une Versys vaut plus de 15 000 euros ici. Tant pis je roulerai sans freins. Nous retournons chez Papa Lleguas qui propose de m’héberger. Il contacte alors tous ses amis aux quatre coins du Brésil, mais personne ne trouve de plaquettes disponibles. Quel manque de chance ! Au moins ce soir j’aurai droit à une bonne soirée entre bikers autour d’un billard. C’est fou comme les passions rapprochent les gens. Ce matin nous ne nous connaissions pas et là nous passons une super soirée entre amis.

Le lendemain, direction Guajara Merim qui est à la frontière avec la Bolivie. Je fais les 350 kilomètres de bonne route sous la pluie et sans frein avant. Quand je suis obligé de freiner, j’ai mal au cœur pour mes disques. La route n’est pas très intéressante mais à l’idée de passer une frontière je suis tout excité. Il est déjà 18h30 et la douane est fermée. Mercredi à 8 heures, après une nuit confortable sous la tente à l’abri d’une station service (Je devrais écrire un guide sur les plus chouettes stations-service), je suis devant la douane brésilienne. J’ai déjà passé l’immigration la veille alors là ce n’est qu’une formalité. Mais je dois encore passer la rivière. Il faut attendre la barge qui arrive dans 30 minutes. Ah non dans 1 heure en fait. Bon finalement ce sera 1h30. La barge est bolivienne…

A 10h30 je foule le territoire bolivien et file à la douane. Le douanier en chef est vraiment sympa, il me dit qu’il n’en a que pour 5 minutes. Mais sa connexion internet est bolivienne elle aussi. Elle ne fonctionne pas très bien et il ne peut pas me sortir le certificat pour la moto. Il me dit alors de revenir en début d’après-midi. Je me rends au service d’immigration pour gagner du temps. Ils sont tout de suite beaucoup moins accueillant mais les formalités sont expédiées en 5 minutes. Enfin, je cherche quelqu’un qui serait susceptible de me refaire les plaquettes de freins. La ville n’est pas très grande et je trouve assez facilement grâce à l’aide de deux motards locaux. Pas de soucis pour refaire deux jeux de plaquettes. Il me propose 2 plaquettes pour l’avant et deux pour l’arrière. Sur ce, je lui montre le côté gauche de la moto car là aussi il y a un disque. Ca le fait rire. Il se demande bien à quoi cela peut bien servir à part user plus de plaquettes. Une heure plus tard mes plaquettes sont prêtes pour 50 bolivianos soit environ 8 euros. Super ! A 13h je retourne à la douane qui ne rouvre en fait qu’à 15 heures. Au final internet remarche. A 16h je suis libre, je fais le plein, ici c’est 40 cents le litre. Je passe rapidement Riberalta et c’est la piste en ripiot typique de la Bolivie. Cette couleur rouge est magnifique. Mais bon il n’y a pas trop de villages dans le coin. Enfin, j’arrive à Bellaflor. Ne cherchez pas sur la carte, ce village n’est pas indiqué. Je m’arrête devant la première maison et demande si je peux installer ma tente pour la nuit. Ils sont vraiment accueillants et me proposent une place à l’abri dans ce qui leur sert de salon. C’est plutôt 4 piquets avec un toit mais il ne fait pas froid ici et ils n’ont pas besoin de mûrs. Le soir ils m’invitent même à manger avec eux. Je suis content de découvrir la vraie Bolivie dans ces régions reculées.

Le lendemain, quand je demande où est ce que je peux me laver on m’indique le puits qu’ils ont en commun. C’est là où je remercie notre société d’avoir inventé les lingettes pour se nettoyer. C’est quand même plus pratique que le puits. Après cette toilette matinale, il est déjà temps de repartir. Je voudrai arriver à Santa Rosa ce soir. C’est une région vraiment magnifique. La Bolivie a plusieurs visages et c’est un pays à ne pas manquer. En revanche c’est l’essence qui vient à manquer. Pas de soucis je sais qu’en Bolivie on trouve de l’essence partout. C’est ce que m’ont confirmé plusieurs personnes. Les arrivages sont aléatoires. Je suis déjà passé devant deux stations en pénurie. En fait les gens se débrouillent et stockent beaucoup. Du coup, il la revendent près d’un euro. Tout est bon pour faire des bénéfices. Ca va il ne me que manquait 6 litres, je ne me suis pas ruiné et puis j’ai parlé avec les locaux et les routiers qui sont souvent une source d’information fiable. J’aime bien les regarder bricoler leur camion. Ils les connaissent par cœur, c’est dingue. Il vaut mieux car ils ne sont pas tout neuf. J’arrive vers 18h à Santa Rosa et me trouve un hôtel pour la nuit.

Le lendemain en fin de matinée je cherche un moyen de me rendre dans le parc de Yucuma. Le site n’est accessible qu’avec un guide et il faut passer par une agence qui possède les pirogues. A midi je boucle l’affaire et j’embarque pour 3 jours dans les marais nauséabonds et les nuées de moustiques de Yucuma. Mais cela vaut vraiment le coup. On voit des caïmans, des alligators, des hérons, des capibaras (le plus gros rongeur du monde) et des dauphins roses. Ce sont des Botos, ils vivent en eau douce et il y en a pléthore ici. On les voit régulièrement remonter à la surface mais ça ne dure qu’une fraction de seconde et impossible de les voir à travers cette eau noire et opaque. Ce n’est pas vraiment l’eau limpide et les plages de sable de sable blanc du début de mon voyage. Mais c’est incroyable de passer quelques jours dans ce milieu hostile. Les singes n’ont pas peur de l’homme et sont très curieux. Ils s’approchent souvent très près et ça m’a bien occupé la fin de la première journée. Le lendemain matin nous sommes partis à la chasse à l’anaconda dans les herbes hautes mais nous sommes rentrés bredouilles. Tout ce que je retiens cet épisode, ce sont les moustiques. En revanche l’après-midi a été terrible ! Nous avons nagé avec les dauphins. Habituellement, on ne tient pas 5 minutes dans ces eaux à cause des serpents, des piranhas et des caïmans. Mais les dauphins se nourrissent des deux premiers et chassent le dernier. Malgré tout, ce n’est pas rassurant de plonger dans l’eau boueuse du Yucuma. Mais quand une vingtaine de dauphins apparait et disparait à quelques mètres de nous, cela change la donne. Je regrette juste qu’il soit impossible de prendre les dauphins en photo. J’ai passé une bonne heure à nager après, mais ces petits malins vont vite et en plus l’eau n’est pas vraiment ma tasse de thé. En tous cas c’est vraiment incroyable de se baigner dans un coin pareil. Le guide nous signale un petit caïman au loin, les autres sont déjà remontés depuis longtemps mais tant qu’il n’y a pas de risque je préfère rester dans mon eau croupie. Qui sait quand j’aurai de nouveau l’occasion de nager avec des dauphins en liberté. Mais il est déjà l’heure de rentrer. Quel dommage. Les dauphins commençaient à avoir moins peur de moi. On retourne au camp, ils m’envient tous d’être resté aussi longtemps dans l’eau. J’ai vraiment approché de près ces dauphins même si je ne les ai pas touché. Mais bon je suis sûrement celui qui sent le plus mauvais après cette baignade.

Dimanche matin la pêche aux piranhas est annulée, ce n’est plus la saison. Le guide propose alors de refaire une balade. Je l’ai tellement gonflé la veille avec les dauphins qu’il nous emmène plus loin dans le parc. Je me lance direct, mais cette fois je suis tout seul, les 9 autres me regardent à moitié endormis. Je les ai pour moi seuls, je vais direct vers eux je tente de les poursuivre en vain mais ils finissent par se rapprocher. Un me mordille le pied. Surpris, je hurle et tout le monde éclate de rire. Puis le dauphin me tourne autour, je peux à présent le caresser, il me montre son ventre. Le guide me dit que je peux soulever sa queue puis sa tête. Il replonge sous moi et tente de me mordiller de nouveau. Cette fois, je le repousse gentiment. Là encore je n’ai pas pu prendre de photos mais Lutxo a eu l’extrême gentillesse de tout filmer et vous verrez cela dans la deuxième vidéo du voyage. D’ailleurs la première vidéo arrive dans quelques jours si Internet le permet.

Nous sommes donc rentrés au camp pour prendre un bon repas. Vers 14 heures nous avons repris la pirogue dans l’autre sens. 1h30 de trajet parmi les caïmans, singes et autres bêtes. Je voulais alors vous raconter mes nouvelles aventures mais dans le Beni c’était les élections impliquant. Du coup, il y avait interdiction de circuler et les connexions internet étaient bloquées. Lundi matin, toujours pas d’internet, j’ai donc pris la route pour La Paz où j’étais sûr de retrouver Internet. Encore une fois bienvenue en Bolivie et à la semaine prochaine !"

Retrouvez son passage sur la radio Le Mouv dans l'émission du 24 janvier