Maxime Barat : "Après cette première semaine sur les routes péruviennes nous voilà à Cusco. Petite séance mécanique sur les chaussures de Sabrina dont la semelle se décolle. J’ai réparé avec un vieux bout de chambre à air sous le regard amusé du patron de l’hôtel qui nous emmène au marché pour les faire réparer correctement. Vu la suite du programme, nous avons décidé de nous rendre au marché Molinos, un bon prétexte pour rentrer dans la vie quotidienne de Cusco.
Le lendemain nous partons pour Santa Teresa, la ville la plus proche du Macchu Picchu accessible en moto. Nous traversons d’abord la vallée sacrée sur une magnifique petite route qui monte à 4300 mètres d’altitude. De l’autre côté de la montagne le temps se gâte. Durant l’une des rares pauses photos un motard s’arrête. Voici Fritz, l’Américain ! Lui aussi est parti à la découverte de l’Amérique Latine en moto. Il revient justement du Macchu Picchu et nous apprend que l’on peut aller encore plus loin que Santa Teresa en moto, la piste vers Hydro Electrica étant de nouveau praticable. A Santa Maria, nous bifurquons sur une piste vertigineuse de 50 kilomètres. Au moins de nuit, nous ne voyons pas le ravin. Nous passons Santa Teresa vers 20 heures et arrivons sur le parking de la centrale hydroélectrique où s’arrête la piste. Apparemment il y a une auberge un peu plus loin sur la ligne de chemin de fer où on pourra planter la tente. Je prends donc les rails en Versys avec la complicité des cheminots. Aller au Macchu Picchu est une sacrée aventure, quand on ne veut pas prendre le train il faut quand même prendre les rails. 2 heures et demie de marche sous la pluie pour atteindre notre destination, mais le jeu en valait vraiment la chandelle. Plus qu’un long discours, une bonne photo.
Après cette petite virée au Macchu Picchu nous avons pris la piste en sens inverse cette fois ci. La vue est magnifique mais pas le droit à l’erreur, le ravin est proche. Sous une pluie battante nous récupérons enfin l’asphalte à Santa Maria. La visibilité n’est pas terrible et l’adhérence précaire m’oblige à ralentir. Rapidement nous nous retrouvons bloqués par un gué devenu infranchissable en moto, même en Versys. Vive la saison des pluies ! Un pick-up arrive, franchit le gué et nous propose de nous aider. Nous chargeons la moto dans la benne et nous traversons bien à l’abri dans l’habitacle. Le courant est tellement violent qu’il déporte légèrement le 4x4, l’eau est projetée jusqu’aux fenêtres. C’est impressionnant ! Nous déchargeons, il repart de son côté. Au moment de repartir, deux 4x4 et un camion attendent. Le niveau de l’eau est encore monté, le trafic est maintenant complètement bloqué. 10 kilomètres plus loin, rebelote ! Nous nous retrouvons coincés devant un autre gué dont le courant semble moins fort. Nous tentons une traversée à pied mais le courant nous contraint à faire demi-tour. Un 4x4 franchit le gué. Il ne sait pas si ça passe en moto mais compte rester là lors de ma tentative pour m’assister au besoin. Le cœur battant, je passe la première et m’avance doucement dans l’eau. Le courant est terrible, à l’endroit où nous avions fait demi-tour, la Versys commence à être déportée. Je mets les gaz et arrive tout tremblant de l’autre côté. Seul problème, Sabrina est restée de l’autre côté. Heureusement le conducteur du 4x4 la fait monter dans la benne pour la traversée. Sympa !
Le Macchu Picchu étant au fond d’un cul de sac nous refaisons toute la route à l’envers et repassons rapidement Cuzco. Nous partons à la chasse aux bikers jusqu’à ce que l’on trouve un petit camping parfait pour planter la tente. Nous réveillons le vieux gardien que l’on croyait mort devant la télé et nous faisons notre propre cuisine car tous les gens du village sont partis à la messe.
Le lendemain matin, l’endroit respire la sérénité avec le chien sans poils, les canoës, les sandwichs à l’avocat et les truites frites. Une personne âgée vraiment très gentille nous apporte en plus des céréales et des humaitas. Nous repartons repus. Sur la route de Puquio nous faisons une nouvelle pause pâte, patate, riz et discutons avec des camionneurs. Ils viennent d’exploser deux roues et sont en train de réparer. Passionnées par la route et le voyage ils se prêtent même à philosopher. Nous reprenons la route à plus de 4000 mètres d’altitude. Je redoute ce passage car j’avais déjà pris des pluies verglaçantes deux semaines auparavant. Ca n’a pas loupé et le calvaire dure plus de 20 minutes. Rien pour s’abriter, il faut continuer malgré la route verglacée. Par chance nous atteignons rapidement le prochain village. Nous nous arrêtons manger chez une « mama » elle aussi passionnée de voyage. Elle nous sert une omelette plus grosse que l’assiette. Nous arrivons à Puquio en fin de journée et nous prenons un hôtel.
Le lendemain, nous quittons enfin l’asphalte en direction d’Ayacucho. On nous avait dit qu’il y avait 10 heures de piste, nous mettrons finalement deux jours. Mais quel pied de rouler dans ces paysages montagneux. Chaque vallée est unique, le dépaysement est garanti. Guidé par notre estomac, nous avons fait un arrêt forcé à Andamarca pour 4 bonnes truites frites. La piste est évidente mais nous demandons régulièrement notre chemin car elle nous parait anormalement longue. Je me rends alors compte que j’ai rogné un tronçon de 150 km sur la carte. Peine perdue nous dormirons dans les montagnes.
Le lendemain nous terminerons cette superbe piste jusqu’à Ayacucho via Querobamba sous la pluie. Arrivés en début de soirée, un taxi nous guide en centre ville où des policiers nous trouvent un hôtel."