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21 Février 2013 A la découverte de l'Amérique Latine (sem. 8)

Maxime Barat continue son périple sur sa Versys. Quels défis fous va-t-il se lancer cette semaine ? Nous le saurons en découvrant son récit.
Maxime Barat : « Après mon épique semaine jusqu’à Sorata, je suis allé faire réparer le frein avant de la Versys. Sur place, je trouve un mécanicien voiture, plutôt sympa qui, avec son voisin, me répare le garde-boue avant et la durite pour que je puisse freiner au moins sur le disque droit. Le problème c’est qu’il n’y a plus du tout de liquide de frein dans le bocal. Je n’en ai malheureusement pas avec moi et lui non plus. Je lui propose alors d’en prendre dans le bocal de frein arrière. C’est bon, je peux repartir, mais attention quand même ! Je dois bien pomper 5 fois avant que cela ne commence à ralentir, un peu à la manière d’un tambour qui a pris l’eau.

Qu’importe je roule tranquillement en direction de La Paz mais cela ne m’enchante pas vraiment d’y retourner. Alors je m’arrête pour faire le plein, je demande comme d’habitude à un local d’aller m’acheter de l’essence et c’est l’occasion de discuter. Il m’indique un petit village à 20 minutes de là. J’arrive donc en fin d’après-midi à Penas à 50 kilomètres de la Paz. Le paysage est magnifique, je rencontre rapidement André un argentin qui voyage depuis 6 ans en vélo. Puis arrivent trois belges qui reviennent d’une session d’escalade dont Joel qui vient du village de mes grands-parents et qui connait ma famille. C’est énorme ! Et tout cela au beau milieu de la Bolivie ! Finalement je reste pour la nuit et je suis invité à dormir dans le dortoir de la paroisse.

Je serai bien resté plus longtemps mais 6 mois de voyage c’est court. On ne voit pas le temps passer. Alors après un petit tour au marché, je fonce dans l’Alto, le quartier pauvre de La Paz où tout se trouve et se répare. Je vois un homme bricoler quelques Motocross, je m’arrête et lui demande s’il a de la durite de frein. Après 20 bonnes minutes de recherches, il me sort l’objet tant désiré. Mais il n’a pas de liquide de frein DOT4 et je n’ose pas mettre autre chose de peur d’abimer tout le système. Je vais voir chez son voisin, il n’en a pas non plus. Puis il réfléchit, repart et revient avec une vieille fiole rouillée à moitié remplie de DOT4. Enfin ! Ni une ni deux, la Versys est réparée. Elle freine de nouveau !

Je décide d’aller dans le Parc de Sajama, à 4 heures d’ici par la route. Sauf que je vais tenter d’y aller par les pistes. Je passe le village de Corocoro, et traverse de grands plateaux désertiques. C’est magnifique et cela me rappelle la Mongolie. Sauf qu’ici je rencontre régulièrement du monde pour m’indiquer le bon chemin. La journée a bien avancé lorsque j’arrive devant une rivière à traverser. Un bus y est ensablé depuis 6 heures et les passagers s’efforcent de le sortir. J’hésite un bon moment avant de passer. Mais l’eau est peu profonde et au pire, si je m’ensable, les passagers du bus pourront m’aider. Je démarre et j’en vois déjà qui sourient. Je rentre à vive allure dans l’eau et passe finalement sans soucis. 2 minutes plus tard, le bus sort à son tour mais en marche arrière. Bravo à eux. Le temps se gâte, j’aurai juste le temps de trouver refuge dans le village d’après, où les habitants m’ouvrent l’école pour m’abriter. J’ai eu chaud !

Sajama n’est plus qu’à 6 heures de piste. Mais celle-ci est souvent inondée et me conduit tout droit vers une grosse rivière. Là, c’est clair je ne le tente pas. Le problème n’est pas la profondeur mais le sol sablonneux. Obligé de faire demi-tour et de retraverser la fameuse rivière où le bus est resté bloqué. Pour gagner du temps je prends un raccourci mais cette fois ci je reste bloqué. J’ai passé près d’une demi-heure à la sortir. Je repasse par Corocoro où je tombe sur le carnaval en plein après-midi. Les gens sont délurés, ils boivent, mangent, dansent. Une véritable ambiance de féria. Puis je rejoins le goudron afin de récupérer le pont qui me permet de traverser la rivière. Sajama est encore à 100 kilomètres et il est déjà 20 heures alors je décide de camper devant le routier où j’ai mangé. J’aurai donc mis 2 jours au lieu de 4 heures pour aller à Sajama mais c’était top.

Le lendemain, quel bonheur d’arriver au petit village de Sajama situé à 4200 mètres d’altitude. Je laisse mes affaires chez Doña Théodora et pars en montagne. Il est 17 heures et je me dirige vers le volcan Sajama qui culmine à 6540 mètres. L’idée est de me rendre au camp alto. Parti à 17 heures, je marche 2 heures et campe à environ 4400 mètres d’altitude.

Le lendemain, je me fais ma petite balade en haute montagne. La progression est difficile à cause de l’altitude mais un tel point de vue vaut bien un petit effort. Je passe au bout de quelques heures le camp alto et poursuis jusqu’à 5100 mètres là où la neige fait son apparition et où il faut du matériel. Puis retour à Sajama pour une bonne nuit de sommeil.

Je me réveille le lendemain avec une idée qui m’a trotté toute la nuit dans la tête. J’irai bien camper sur le volcan Parinacota et tenter le sommet si le temps et ma condition physique le permettent. En fin de matinée, je vais donc louer des chaussures, des crampons et un piolet et acheter un peu de nourriture. Le ciel est dégagé, c’est rare en cette saison. C’est parti pour l’ascension ! Je charge la Versys direction la lune. La piste en sable est vraiment difficile et je dois rester dans les tours pour passer les bancs de sable volcanique. Je laisse la moto au camp de base à 4700 mètres d’altitude et poursuis à pied jusqu’au camp alto à 5100 mètres où je plante la tente. A 20 heures, je dors comme un bébé.

Mais la nuit est de courte durée. Je me lève à minuit et demi, une heure plus tard j’entame l’ascension. Il fait froid, très froid et progresser en montagne dans le noir et sans personne pour me motiver c’est vraiment difficile. Mais j’avance doucement, la température continue de baisser au fur et à mesure que la nuit avance. Entre 4 et 6 heures du matin, j’ai failli abandonner 100 fois à cause du froid. Puis le soleil se lève enfin, je me réchauffe rapidement. Je découvre l’endroit où je déambule depuis déjà 5 heures. C’est splendide ! J’ai une belle vue sur le Chili de l’autre côté de la montagne puis sur le volcan Pomerape qui culmine à plus de 6000 mètres lui aussi. Plus que 300 mètres de dénivelé. Il est 8 heures et je fais face à un mur de neige. Au début, j’essaie en zigue-zaguant mais rien n’y fait, je suis essoufflé et à bout de force au bout de quelques pas. En revanche je n’ai mal ni à la tête ni au ventre alors je décide de continuer autant que je peux. Qu’importe si je n’atteins pas le sommet la vue ici est déjà magnifique. Je change alors de stratégie. J’attaque la montagne de face par session de 10 pas avant de faire une pause. L’épreuve va durer 4 heures, à midi je suis au sommet, des nuages blancs m’empêchent de voir quoi que ce soit mais j’y suis arrivé après 10 heures d’efforts. Je suis à 6340 mètres. 10 minutes plus tard, il faut déjà redescendre. Le ciel se couvre et ce n’est pas le moment de flâner. 3 heures plus tard, je suis en bas après avoir descendu ce satané volcan sur les pieds, les fesses, le ventre et les dents. Je me repose un moment dans la tente et à 16 heures je plie bagage, à 17 heures je retrouve la Versys et à 18 heures je suis à Sajama.

Après une telle journée, j’ai bien mérité un rafraîchissement. Je profite quelques instants du carnaval à la manière d’un zombie et vais rapidement retrouver les bras de morphée pour une longue nuit.

Encore une semaine intense, promis semaine prochaine je lève le pied. »