Maxime Barat "Revenons un peu en arrière. Nous sommes le 30 décembre 2012 et voilà près de 40 heures que je suis sur ce maudit bateau en bois. La dernière nuit a été rude. En effet il a plu et comme je dormais sur le pont supérieur je me suis bien fait arroser. Bref, j’ai peu dormi et mon sac de couchage a du mal à sécher à cause de l’humidité ambiante permanente. Mais bon c’est la fin du périple. Je vais pouvoir récupérer ma Versys et me rendre à Alter de Cho. Les passagers descendent à un premier arrêt puis on repart 2 kilomètres plus loin pour décharger les marchandises et ma moto.
Le bateau doit s’amarrer à une barge mais il n’a pas la place de se mettre en travers, il va donc pousser la barge, moteur à fond, pour la déplacer et s’appuyer contre l’autre bateau lui aussi en bois (il lui arrache quelques planches au passage). Ils sont fous ces brésiliens !
Je pars ensuite me promener dans Santarem et me rend dans un restaurant où l’on paye sa nourriture au poids. Une sorte de buffet chaud avec un coin grillade en quelque sorte. Je me suis contenté du coin grillade.
Sinon, je ne me suis pas éternisé à Santarem. Ce n’est pas spécialement joli alors, en début d’après-midi, je me suis rendu à Alter de Cho à 30 kilomètres environ. En arrivant, quelle surprise ! Ce village porte bien son surnom de « Caraïbes de l’Amazonie ». Il fait bon, il y a des plages de sable blanc et de l’eau turquoise. Le village est situé au bord de la rivière Tapajos (dont l’eau est bleue) qui se jette ensuite dans l’eau boueuse de l’Amazone. Je cherche ensuite une petite auberge ou un carbet mais tout est déjà complet pour le nouvel an. Finalement, au bout de deux heures, j’atterris à l’albergue de floresta où je rencontre des gens de mon âge de divers horizons. Ils viennent de France, du Pérou, d’Allemagne, d’Uruguay, etc. Le soir, nous nous réunissons tous autour d’un feu sur la plage, deux en profitent pour tirer quelques notes de leur guitare. Le séjour commence bien.
La journée du 31 a été dédiée à la préparation de la marmite de Caipirinha. Nous n’avons bien évidement pas fait que cela mais je dirai que c’était sûrement le moment crucial de cette journée. L’ambiance était top à l’auberge, nous étions tous déchainés.
Le lendemain au réveil, je regrette l’excès de Caipirinha mais sûrement pas cette très sympathique soirée. Les jours suivants, je profite de ce petit coin de paradis. Je fais quelques randonnées à pied, un petit plongeon dans l’eau chaude du Tapajos, histoire de profiter de cet endroit idyllique. Comme j’ai un peu de temps je me lance dans des aventures culinaires puisque j’ai pu goûter du Tambaqui, une spécialité de la région. Puis des aventures ménagères puisque j’ai lavé mes affaires à la main. Savonnage, essorage, séchage, je suis devenu un vrai pro !
J’ai envisagé de partir au bout de quelques jours, et je me suis donc renseigné pour les bateaux en partance pour Manaus. Environ 40h et 480 reals pour la moto et moi. Ne voulant pas passer le week-end à Manaus, j’ai décidé de repousser mon départ jusqu’à vendredi pour arriver le dimanche. Mais vendredi matin, dès 9h, tous les bateaux sont déjà complets. Il faudra que je revienne le lendemain. Les réservations sont possibles mais pour négocier le prix il faut arriver quelques heures avant le départ du bateau et, s’il reste de la place, on embarque.
Dans l’après-midi je rencontre Pierre, un Péruvien sympathique qui parle français. Il est musicien et écolo et parle beaucoup de son association qui replante des arbres. De fil en aiguille il me propose une solution séduisante : me faire traverser le Tapajos en pirogue pour 80 reals. De l’autre côté une piste peut m’emmener à Jurunti pendant environ 120km et, de là, je peux reprendre un bateau.
Cette solution alternative me ferait gagner environ 15h de croisière. A 20h rendez vous au bar pour attendre le bateau qu’il loue à un local. Je vais acheter un peu de nourriture pour la traversée qui devrait durer 2 heures. Il se met à pleuvoir, il faut attendre. A minuit, nous partons enfin au bateau avec Naranja, notre pilote. Arrivé sur la plage, le bateau est en fait une vieille pirogue en bois. J’annule l’opération et rejoins les deux Uruguayens qui dorment sur la plage à l’autre bout de la petite ville.
Enfin, le 5 janvier, debout à l’aube pour être au port à 7 heures. J’arrive à obtenir une place pour 300 reals soit environ 150 euros et c’est parti pour de nouveau 40 heures de bateau. Mais durant le trajet il a pas mal plu et l’eau est rentrée partout. En quelques minutes tout est trempé. Ce voyage est un peu le même que le premier du point de vue des paysages. J’ai d’ailleurs préféré le premier voyage sur un bateau plus petit et plus convivial. Mais quoi qu’il arrive c’est à faire. Remonter l’amazone m’aura en tout pris près de 4 jours de Macapa à Manaus. A ces 4 jours, il faut rajouter les 6 jours de pose à Alter de Cho. J’ai l’impression d’être dans le transsibérien brésilien. L’ambiance est tout autre, la musique est à fond, nous sommes en plein air, mais, au final, c’est le même genre de transports interminables qui permettent aux gens de se déplacer dans ces grands pays. Pour nous, Européens, ces liaisons font rêver et nous attirent mais cela fait du bien quand ça s’arrête.
Je suis finalement arrivé à Manaus à 4 heures du matin. Exténué, je me suis rendu à l’Hostel Manaus, une auberge sympathique dans le centre. Le lendemain je me suis rendu chez Kawasaki Brésil, qui avait été mis au courant de mon aventure et voulaient me rencontrer. Demain, nous serons le 9 et je vais quitter Manaus pour rejoindre Porto Veilho. Mais la transamazonienne est, parait-il, impraticable en cette saison. Je vous raconterais la suite de mon périple dès que je pourrais."
Nous décourirons la semaine prochaine s'il a réussi à emprunter la transamazonienne et jusqu'où il a pu aller.